ZWEIG Stefan - "La peur" et autres nouvelles courtes
Ce talentueux écrivain, dramaturge, journaliste et biographe autrichien est né le 28 novembre 1881 à Vienne en Autriche-Hongrie et il est mort le 22 février 1942 à Pétropolis au Brésil.
Cette nouvelle a été écrite entre février et avril 1913. La version courte a été publiée pour la première fois en France en 1935.
Résumé :
L'action se passe à Vienne. Irène est une bourgeoise trentenaire, mère de deux enfants, mariée à un homme charmant. Elle le trompe par hasard.
Il suffira d'un compliment à un pianiste dans une soirée pour que débute une relation entre elle et lui. Elle ne l'aime pas. Par contre, lui a l'air plus attaché qu'elle à leur liaison.
En sortant de l'appartement du jeune artiste, elle est insultée par une sorte de mégère qui lui reproche violemment de lui avoir pris son amant. Pour s'en débarrasser, elle s'enfuira en lui donnant sa bourse.
À partir de ce jour-là, Irène vivra dans la peur de rencontrer à nouveau cette personne qui trouvera le moyen de lui soutirer à plusieurs reprises de l'argent. Elle parviendra même à harceler Irène à son domicile.
Jusqu'à la fin, les lecteurs se demanderont ce qu'il va arriver à Irène.
Ce que je leur laisse le soin de découvrir.
Que dire ?
Cette narration aurait pu être écrite par une femme. C'est d'autant plus étonnant quand on sait que Stefán ZWEIG en est l'auteur.
Des réflexions d'Irène sur les sentiments qu'elle éprouve pour son amant, à sa peur d'être découverte par son mari, à son affolement devant les exigences de cette femme qui se prétend être la maîtresse de son amant, tous ces éléments nous entraînent bien loin d'un dénouement qui aurait pu être plus banal.
D'autres publications ont été réalisées plus tard à la suite de cette nouvelle :
Révélation inattendue d'un métier.
De passage à Paris, le narrateur goûte le plaisir de ne rien avoir à faire et de pouvoir observer les gens qui passent devant lui. Son regard est attiré par un homme étrange habillé d'un imperméable jaune serin qui va et vient sans aucune raison apparente au milieu des personnes qui défilent devant lui. Le narrateur s'interroge sur la profession de cet individu. Il réalise enfin qu'il s'agit d'un pickpocket.
Mais l'histoire ne s'arrête pas là. Il suffit d'en poursuivre la lecture pour s'en convaincre !
Leporella
Cette nouvelle a été publiée pour la première fois en France en 1935.
Crescence est une servante très laide, simple d'esprit, et travailleuse . Elle est engagée chez un couple d'aristocrates qui passe son temps à se déchirer devant Crescence. Quant à elle, elle semble plus préoccupée par les sous qu'elle gagne tous les mois que par les disputes de ses employeurs.
Mais, en l'absence de sa femme, son patron échange quelques mots avec elle. À partir de là, elle le sert avec encore plus de zèle surtout lorsqu'il reçoit de nouvelles conquêtes. À l'occasion, elle n'hésitera pas à endosser l'habit de l'entremetteuse en lui présentant de jeunes personnes.
Tout change quand sa patronne revient d'un séjour censé lui calmer les nerfs. Irrité par le caractère de sa femme, son patron confie à Crescence qu'il faudrait que tout cela cesse. Une remarque que Crescence prend au pied de la lettre.
Pour connaître la fin de ce récit, il suffit de poursuivre une lecture qui réserve quelques surprises.
La femme et le paysage
Le narrateur s'attarde sur la chaleur étouffante, accablante qui règne le soir dans l'hôtel où il séjourne.
Et il pense sans cesse « pourvu qu'il pleuve ».
Il se dit que s'il pleuvait la pluie apporterait de la fraîcheur au corps, à la nature, mais aussi à l'esprit.
Même la nuit, l'atmosphère est lourde. Près de lui, il aperçoit une jeune femme qui visiblement éprouve les mêmes sensations que lui.
Ils échangeront sans se parler des regards profonds et chargés d'électricité comme le temps.
Je laisse le soin aux lecteurs de découvrir la suite de ce récit étrange décrit avec un talent incomparable, et une puissance évocatrice qui force l'admiration.
Le bouquiniste Mendel
Le récit débute à Vienne dans le café Gluck.
Le narrateur connaît ce lieu. Il se rappelle y être déjà venu.
Il raconte alors l'histoire d'un homme, Jakob Mendel, un juif amoureux des livres jusqu'à l'obsession. Il se souvient de ce petit homme doté d'une mémoire exceptionnelle et qui dispensait ses connaissances à tous ceux qui les lui demandaient.
Il avait tenu ses séances juste avant la Première Guerre mondiale dans ce café à l'ambiance feutrée. Pour cet homme, seuls comptaient les livres. Le monde n'existait pas pour lui.
Une phrase écrite par Stefán ZWEIG définit ce personnage :
« Pareille concentration est autant l'apanage du fou que de celui du sage. »
Nous retrouvons chez cet être étrange la maladie dont sont atteints certains personnages qui figurent dans plusieurs romans de Stefán ZWEIG.
Dans cette nouvelle, le narrateur nous parle de l'absurdité des guerres, de la barbarie des peuples, du ridicule de ces faits qui peuvent broyer la vie d' un homme.
Jusqu'à la fin, le narrateur nous émeut avec ce personnage touchant.
Se pose alors la question de savoir ce qu'est devenu Jakob Mendel.
Une étrange rencontre apportera au narrateur une réponse tout aussi bizarre que l'interrogation qu'elle a soulevée.
Je laisse aux lecteurs le soin de la découvrir.
La collection invisible.
Le narrateur apprend dans un train en bavardant avec un antiquaire la mésaventure survenue à un collectionneur d'estampes qu'il a bien connu.
Il décide de rencontrer ce vieux collectionneur.
Reçu par sa femme, il comprend que le collectionneur est aveugle.
Ravi que quelqu'un s'intéresse à sa collection, le vieux monsieur lui propose de l'admirer avec lui.
Mais les signes désespérés de l'épouse du collectionneur dissuadent le narrateur de la regarder le jour même.
Ils prennent rendez-vous pour le lendemain. Avant de repartir, le narrateur s'entretient avec la femme du collectionneur qui lui avoue que toutes les collections ont été vendues et remplacées par des imitations. Ce que lui confirmera leur fille.
Je laisse le soin aux lecteurs d'admirer avec quel art Stefán ZWEIG dépeint la mascarade que devra jouer le narrateur devant un vieux collectionneur ému et en présence d'une famille soulagée de ne pas avoir à faire souffrir le vieil homme.
Encore une narration qui en dit long sur le talent de Stefán ZWEIG.
Cet avis n'engage que moi.
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