ZWEIG Stefan - "Amok"
Ce talentueux écrivain, dramaturge, journaliste et biographe autrichien est né le 28 novembre 1881 à Vienne en Autriche-Hongrie et il est mort le 22 février 1942 à Pétropolis au Brésil.
Résumé
Le narrateur réserve dans une agence maritime à Calcutta une place sur un bateau, l'Océania en partance pour l' Europe.
Bruyante, malodorante, inconfortable, étroite, sa cabine ne lui apporte pas la détente à laquelle il aspirait. Une nuit, il décide de se promener sur le navire. À défaut de pouvoir s'allonger sur un transat, il se voit contraint de s'asseoir sur des cordages. Ravi de pouvoir regarder le ciel, de pouvoir respirer, il ne remarque pas l'homme qui est près de lui. Ce dernier s'adresse à lui et le supplie avant de partir de ne pas signaler sa présence sur le bateau.
Intrigué par le comportement de cet homme, le narrateur revient sur le
pont le lendemain soir. Il le retrouve au même endroit et se prépare à écouter les confidences de cet inconnu.
C'est ainsi que le narrateur intéressé par l'âme humaine apprend que son interlocuteur était médecin à Leipiz. Contraint de déménager après avoir pris de l'argent dans la caisse de l'hôpital pour une femme orgueilleuse et froide, il accepte un poste en Indonésie. Il échoue dans un petit village.
Au début, il se passionne pour son métier, mais la torpeur le gagne, l'ennui le saisit et la boisson achève l'œuvre de destruction entamée.
Mais tout change quand apparaît une femme blanche. Par le gouverneur qu'il a soigné, elle a entendu parler de ce médecin qui ne sort jamais de son village.
Commence entre ces deux êtres un bras de fer. Lui est choqué par l'attitude distante, hautaine, méprisante qu'elle affiche à son égard. Quant à elle, elle entame une conversation qui suggère sans dire l'objet de sa visite.
Lui la laisse louvoyer tout en s'interrogeant sur les raisons véritables qui ont pu amener cette femme dans son village. Après avoir beaucoup hésité, elle lui fait enfin comprendre qu'elle est venue pour avorter clandestinement. Commencent alors des échanges brutaux où lui se défend de pouvoir et vouloir procéder à ce type d'acte. Pour le convaincre, elle lui propose une somme considérable à condition qu'il quitte le pays et qu'il conserve le silence. Elle est l'épouse d'un riche marchand hollandais qui doit rentrer de voyage dans trois jours.
Il lui explique que ce n'est pas l'argent qui l'intéresse.
Le doute plane sur ce qu'il souhaiterait obtenir d'elle.
Mais, il lui dit qu'il exige d'elle du respect, mais surtout qu'elle le supplie.
Révulsée par cet arrangement qu'il lui propose, elle éclate d'un rire sardonique et part.
C'est ce rire qui déclenche une réaction imprévisible chez le médecin.
Il devient un "amok", un sujet dévoré par une violence quasi meurtrière pour se venger de celle qui l'a humilié.
Il est prêt à tout pour y parvenir.
Il commettra d'ailleurs les pires maladresses. Il ira chez elle. Il assistera à une réception où il est également convié. Il lui écrira pour lui donner son accord, mais quand il la retrouvera, il sera trop tard.
Je laisse le soin aux lecteurs, de poursuivre la lecture de cette nouvelle qui se lit comme un thriller, et qui réserve encore bien des surprises.
Que dire ?
Dans cette nouvelle, l'attitude de ce médecin qui se confie au narrateur est désignée sous un mot "amok".
C'est un mal identifié chez les hommes et parfois chez certains animaux. Il a été souvent utilisé par les Britanniques en Asie au XIXe siècle.
Dans "Amok", il ressemble à une obsession meurtrière, à un accès de rage incontrôlable pouvant amener le sujet à se suicider.
En lisant cette nouvelle, j'ai songé à certains écrivains qui ont employé ce terme pour définir une colère subite.
Je pense notamment à Romain Gary dans "Les racines du ciel", à Gérard de Villiers dans son roman "Amok à Bali", mais aussi dans "Un soupçon inqualifiable" de Stefán ZWEIG. Le mari, John, est qualifié de monomaniaque.
Il n'est pas violent, mais quand il aime l'attachement à un être devient obsessionnel.
Avec "Amok", nous sommes à nouveau dans l'étude d'un cas qui ferait le bonheur d'un psychiatre. L'influence de Freud est encore présente dans court récit.
Comme dans les précédentes nouvelles, j'ai adoré celle-ci.
J'ai feuilleté les pages les unes après les autres comme si me trouvais dans un train en marche. Au passage, j'ai admiré la construction du récit, les dialogues, et les descriptions.
Pour ceux qui n'aiment pas Stefán ZWEIG, le relire dans sa presque totalité représenterait une torture.
Pour ma part, je considère que cet auteur m'offre la joie d'accéder à un type de littérature qui ne s'oublie pas.
Les années ont passé, mais mon amour pour Stefán ZWEIG n'a pas faibli.
Cet avis n'engage que moi.
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