UN VOYAGE DANS MES LIVRES

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BOUYSSE Franck - "Né d'aucune femme"

Cet écrivain est né en 1965 à Brive-la-Gaillarde,  Il est l'auteur de nombreux romans mélodramatiques et policiers.

 

Pour cet ouvrage, il a obtenu notamment le prix des libraires.

 

 

 

Je ne connaissais pas Franck BOUYSSE et j'avoue que j'ai été embarquée dans une  histoire troublante, dérangeante et fort bien construite.

 

J'avais le choix de la résumer ou d'insérer l'article ci-dessous découvert sur un site.

 

J'ai opté pour la deuxième option.

 

 

 

 

 

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Entretien avec Franck Bouysse, à propos de son roman 


Avec Né d’aucune femme, Franck Bouysse raconte l`histoire de Rose, une jeune femme vendue par son père au notable de son village, et qui écrit dans ses carnets les épreuves qu`elle a traversées. Nous avons interrogé l`auteur sur ce 13e roman, un conte cruel dans lequel il explore le thème du mal et où l`écriture est le moyen pour Rose de se sauver.


Vous donnez à lire les carnets d`une femme, Rose, réécrits par le père Gabriel, qui les a lui-même reçus d`une anonyme… Est-ce que vous aussi, vos personnages vous ont soufflé une histoire que vous aviez besoin de raconter à votre tour ? Comment est né ce roman ?

 

 

Me souffler une histoire, c`est un peu cela, en effet… Quand j`écris, je me laisse porter par mes personnages, sans savoir à l`avance quels chemins ils vont emprunter. Il y a des années, j`avais lu une brève de journal qui parlait d`une jeune fille vendue par son père. Ce fait divers est resté gravé au fond de ma mémoire, sans vraiment que j`y prête attention. Et un jour, cette phrase m`est venue : « Mon nom c`est Rose. C`est comme ça que je m`appelle. » Je ne savais pas qui était cette jeune fille ni ce qu`il allait lui arriver par la suite, mais je lui ai prêté ma main pour écrire son histoire.



Il s`agit donc d`un roman choral dans lequel on entend les voix de Rose et du Père Gabriel, mais aussi d`Onésime, le père de Rose, d`Etienne, et même de l`enfant. Chacun de ces personnages raconte son histoire avec son propre langage : pourquoi avez-vous choisi de donner le point de vue de différents personnages ? Comment avez-vous travaillé ces différents styles d`écriture ?

 

 

La forme de roman polyphonique s`est imposée, tout simplement : il m`a semblé que pour bien raconter cette histoire, il était naturel de mêler les points de vue. Chaque personnage a en effet son « style » qui découle de sa personnalité, de sa position sociale et chaque voix m`est venue assez naturellement. Rose est extrêmement forte et intelligente, mais elle est peu instruite, elle va découvrir l`écriture au fil des pages. Quand j`écrivais les passages en son nom, j`adoptais assez instinctivement une voix, une forme narrative qui lui ressemblait. Elle a un rapport musical aux mots et ignore certains codes de l`écrit comme l`emploi du point d`interrogation par exemple. Le personnage d`Edmond a une expression beaucoup plus brute, tournée quasi exclusivement vers les émotions. Quant au père Gabriel, il s`exprime évidemment comme un lettré. Certains passages sont aussi écrits à la troisième personne, car le roman a imposé que j`éclaire quelques zones d`ombre.



Né d`aucune femme est un roman noir rural qu`on a envie de dater au XIXe siècle, pourtant aucune indication précise n`est donnée sur le contexte ou l`époque de l`intrigue : la violence que vous décrivez dans ce roman appartient-elle à un lieu défini et à une époque précise et révolue, ou pensez-vous qu`elle est propre aux hommes et qu`on la retrouve encore aujourd`hui ?

 

 

Pour raconter cette histoire, il m`a semblé qu`il fallait que je m`éloigne du bruit du monde moderne pour mieux entendre mes personnages. Pas de route, pas de voiture, encore moins de téléphone. Vous parlez d`un roman noir, mais Né d`aucune femme est aussi une forme de conte, et donc intemporel. J`ai bien peur que des jeunes femmes, peut-être pas dans notre pays (quoique), vivent encore aujourd`hui des destins comparables à celui de Rose. Je ne cherche pas à témoigner d`un lieu ou d`une époque, ce qui m`intéresse, ce sont les passions humaines. Et ces passions sont universelles et intemporelles.



La question du destin est très présente dans le roman, que ce soit sous la forme de condition sociale, d`origine familiale ou de vocation religieuse. Vos personnages subissent-ils leur sort ou s`en affranchissent-ils ?

 

 

Dans plusieurs de mes livres revient cette question : comment un personnage va-t-il pouvoir s`élever au-delà ce qu`il semblait prédestiné à être ? Ce sera le Joseph de Glaise, jeune paysan qui modèle en secret de petits animaux en terre, le Georges de Plateau qui emménage dans une caravane pleine de livres et qui après sa journée de travail à la ferme se laisse porter par de grandes œuvres. Et c`est ici Rose, à qui l`on ne cesse de dire qu`elle n`est rien, qui affirme son existence en prenant possession des mots et en racontant son histoire. L`art, pour chacun de ces personnages est un moyen de s`affranchir ou de tenter de s`affranchir de sa condition. Je ne crois pas au destin ou à la prédestination.



“En vrai, j`existe pour personne. Il y a que ce qu`on partage qui existe vraiment, ce qu`on représente pour les autres, même si c`est que ça, parce qu`un simple souvenir vaut rien (...)” dit Rose. C`est finalement par les mots, en écrivant son histoire, que Rose parvient à exister. Quel rôle tient la transmission pour vos personnages ? Ont-ils besoin de la reconnaissance des autres pour se sentir exister ?

 

 

En ce qui concerne Rose, privée de tout, il lui reste l`encre et le papier pour donner naissance à quelque chose et compenser ce qu`elle a perdu. Les mots sont pour elle un refuge, un ailleurs. Mais écrire (ou écrier comme elle le dira) est surtout la seule et unique manière qu`elle a de lutter contre l`oubli, son ultime arme. Car jamais ce personnage ne s`avouera vaincue, elle ne cessera d`être dans la résistance et le combat. Pour Rose il est moins question de transmettre que d`exister.


Mais bien sûr, il est aussi question de filiation et d`héritage dans ce roman. le père de Rose se sépare de sa fille et ne parvient pas à vivre avec sa culpabilité. L`un des personnages de mère est obsédée par la transmission : le sang de sa famille doit continuer de couler dans de nouvelles veines. La mère de Rose est portée par ce besoin de préserver sa famille autant qu`elle le peut… Quant à votre dernière question, je pense qu`il est probablement moins question d`un besoin de reconnaissance dans ce livre que d`un besoin d`amour.



Vous avez dit dans des interviews avoir terminé d`explorer le thème de l`ogre et du mal à travers vos différents ouvrages : comment se manifestent ces thèmes dans Né d`aucune femme, et avez-vous une idée des thèmes que vous souhaiteriez explorer dans vos prochains ouvrages ?

 

 

Je pense que pour ceux qui ont déjà lu Né d`aucune femme, l`incarnation parmi mes personnages de l`ogre et de la sorcière est assez évidente. Jamais je n`avais poussé ce thème aussi loin et je crois que je suis arrivé à une limite extrême. Il s`agissait en effet de parler de la lutte contre le mal, qui pourrait être aussi comme je l`ai découvert dans ce roman une lutte de la féminité contre le mâle.


Quant au prochain roman, je l`écris en ce moment. Je saurai les thèmes que j`ai voulu explorer dedans quand le livre sera fini et que je commencerai à en parler avec des lecteurs. Avant ce moment-là, ce n`est jamais très clair pour moi…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

PS  -

 

Cet entretien résume parfaitement les questions que je me posais sur la

 

construction de ce récit. il répond à toutes mes interrogations. 

 

 

J'ai même parfois eu l'impression qu'une partie du récit avait été écrit par une femme.

 

 

 

Très beau roman avec peut-être un bémol. J'aurais aimé que la fin soit plus développée.

 

 

 

 

 

Cet avis n'engage que moi.

 

 

 

 

 

 


02/07/2023
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