L'idéaliste, Malwida von Meysenbug de Monique BERNARD
Qui est cette auteure que j’ai découverte grâce à Claudine LUX - "Sortilèges marocains" ?
La formation de Monique BERNARD est impressionnante. À l’université, elle a suivi :
- Licence d’allemand et de lettres modernes
– Maîtrise – Lettres allemandes, lettres modernes et littérature
– doctorat ès Lettres en littérature comparée
et etc.......
Puis, en 1976, elle a soutenu une thèse de doctorat consacrée à Charles de Villers, un écrivain et philosophe français né en 1765 - mort en 1815.
Monique BERNARD fut fascinée par ce personnage à qui elle dédia sa première biographie peut-être parce qu’il vécut en France et en Allemagne et qu’il s’employa à faire connaître en France les richesses de la pensée de la culture allemande.
Monique BERNARD habite elle-même depuis plus de quarante ans en Allemagne. Avec une passion identique à celle qu’elle éprouva pour écrire sur Charles de Villers, elle nous entraîne dans le sillage de la vie de la grande féministe et intellectuelle Malwida von Meysenbug.
- Un livre qui se commande aux Editions des Paraiges
Qui est Malwida von Meysenbug ?
Elle est née en 1816. Son père descendait d’une famille de huguenots français réfugiés et germanisés par des mariages allemands successifs. Il sera d’ailleurs anobli.
Malwida von Meysenbug est la neuvième d’une famille de douze enfants.
D’origine aristocratique, elle recevra une éducation soignée, parlera plusieurs langues et excellera dans de nombreux domaines. Très tôt, elle fera preuve d’une grande curiosité intellectuelle, et d’une indépendance surprenante pour une jeune personne aussi idéaliste. D’ailleurs, elle s’interrogera sur sa foi protestante et sur la religion dans son ensemble.
Cependant, sa naissance ne la destinait pas à la vie qu’elle mena à partir du moment où elle rencontra Theodor Althaus
Elle tombera amoureuse de ce théologien et journaliste engagé qui l’amènera progressivement à s’éloigner de sa famille en professant des idées opposées à celle de son milieu. Mais cette profonde amitié se brisera brutalement pour renaître d’une autre façon avant que ne meure très jeune Theodor Althaus .
Elle n’oubliera jamais cet homme.
Malwida von Meysenbug s’intéressera à la politique dès 1830. Après l’échec de la révolution, elle enseignera dans une école supérieure de jeunes filles à Hambourg. Malwida von Meysenbug s’engouffrera dans ce type de formation proche de ses idées et de son niveau intellectuel. Elle souhaitait voir la femme devenir l’égale de l’homme à une époque où de telles idées n'étaient pas acceptées.
Par ses activités et ses relations, elle se rendit suspecte à la police prussienne et fut obligée d’émigrer en Angleterre où elle disposait de par sa naissance et de par ses fréquentations quelques contacts susceptibles de l’accueillir et de lui permettre de s'assumer financièrement.
Elle souffrira d’ailleurs de se séparer de sa famille à qui elle ne demandera jamais d’aide alors que ses deux frères occupaient des postes de ministre dans leur propre pays.
Elle comprendra que pour être indépendante, il lui faudra travailler.
À Londres, Malwida von Meysenbug côtoiera les cercles des révolutionnaires et démocrates en exil et échangera constamment avec Ledru-Rollin, Louis Blanc, et Gottfried Kinkel.
C’est ainsi qu’au début de son séjour, elle donnera des leçons et deviendra la préceptrice des filles d’un ancien aristocrate révolutionnaire russe Alexander Herzen, avec qui elle entretiendra une profonde relation amicale.
Ils cultiveront leurs ressemblances intellectuelles et Malwida von Meysenbug s’attachera aux enfants de Herzen particulièrement à Olga qui a peu connu sa maman, décédée très tôt.
Mais sa rupture douloureuse avec Alexander Herzen l’obligera à s’installer à Paris où elle fréquentera les milieux intellectuels et artistiques.
Pour vivre, elle traduira des ouvrages et écrira.
Par ailleurs, elle rencontrera le grand musicien Wagner qu’elle admire et qui lui fera découvrir Schopenhauer l’incitant ainsi à s’intéresser à la philosophie dont elle deviendra à son tour adepte.
C’est d’ailleurs sa passion pour Schopenhauer qui lui permettra de s’introduire dans le cercle fermé de Wagner.
Plus tard, elle s’établira en Italie avec Olga Herzen qui se mariera ensuite avec l’historien Gabriel Monod. Une profonde estime, de nombreuses conversations rapprocheront Malwida von Meysenbuga et Monod.
N’oublions pas qu’elle se lia également avec le philosophe Friedrich Nietzsche ami de Wagner depuis plusieurs années. Paul Rée, un riche philosophe allemand et Friedrich Nietzsche tomberont éperdument amoureux de Lou Andreas Salomé, femme de lettres germano-russe qui fut l’une des premières femmes psychanalystes.
Malwida von Meysenbuga, correspondra, invitera et sera invitée par :
- Franz Liszt, un compositeur, transcripteur et pianiste virtuose hongrois
- Hippolyte Taine, un philosophe et historien français, membre de l’Académie française.
- Sully Prudhomme, un poète français, premier lauréat du prix Nobel de littérature en 1901
- Romain Rolland, un écrivain français, lauréat du prix Nobel de littérature de 1915.
- Jules Michelet historien français
et par beaucoup d’autres.
La correspondance qu’elle entretenait avec Nietzche prendra fin avec l’effondrement psychique du philosophe en 1889. Elle sera d’ailleurs une des rares personnes à lui conserver son amitié quand celui-ci se détournera de Wagner dont il ne partage plus les opinions.
Tous ceux qui côtoieront Malwida von Meysenbug seront marqués par la personnalité, la bonté, l’intelligence, l’érudition de cette grande dame. On pourrait la qualifier d’Européenne avant l’heure. Elle possédait une grande humanité et une culture immense. Elle incarnait le féminisme d’une idéaliste.
De par sa naissance Malwida von Meysenbug évolua dans un entourage privilégié où elle put acquérir les compétences qui l’aidèrent à poursuivre le chemin qu’elle avait choisi. Sa culture, son intelligence, les langues étrangères qu’elle a étudiées et son empathie lui facilitèrent sa compréhension du monde. Grâce à son relationnel et à sa personnalité, elle put s’adapter à des milieux différents, à voyager dans plusieurs pays en Europe.
Elle y rencontra des hommes et des femmes sur qui elle exercera vraisemblablement une certaine fascination et rédigera une correspondance impressionnante avec de nombreuses personnes.
Monique BERNARD a écrit un livre qui parle aussi de la grande histoire. L'immense travail qu'elle a accompli pour le rédiger m’a appris beaucoup de choses que j’ignorais sur la géographie des pays que Malwida von Meysenbug a traversés, sur la politique, sur les événements qu’elle a vécus.
Résumer cet ouvrage ne fut pas une tâche aisée pour moi. Toutefois, ce livre qui se lit comme un roman s’adresse à tous ceux qui savent qui sont certains hommes et femmes illustres. Pour ma part, quelques-uns m’étaient inconnus notamment des anglais et des allemands.
En effet, pour un lecteur de ce début du XXIe siècle, la vie de Malwida von Meysenbug semble d’une richesse incroyable.
Monique BERNARD a réussi l’exploit de me passionner pour une personne dont j’avais noté le nom par le plus grand des hasards. Le nom de Malwida von Meysenbug figurait sur un livre publié par François Giroud. Elle y racontait la vie de Lou Andreas Salomé.
Pour conclure, je me demande ce que Malwida von Meysenbug aurait pensé de l’époque actuelle. Son idéalisme aurait certainement eu des difficultés à s’adapter à cette société tellement différente de la sienne.
J'ai adoré suivre le parcours de cette femme. Elle m'a convaincu que seule la culture et le travail peuvent aider les femmes à trouver leur place à côté des hommes et non contre les hommes.
Un idéal auquel beaucoup de femmes correctement éduquées aspirent encore aujourd'hui.
Cet avis n’engage que moi
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