MIRBEAU Octave - Mémoires d'une femme de chambre
Il est né en 1848 et il est mort en 1917. C’était un écrivain, critique d’art et journaliste français.
Résumé
Célestine est une charmante femme de chambre qui a essuyé de nombreux déboires chez les patrons pour lesquels elle a travaillé à Paris.
Elle échoue chez les Laniaire, des bourgeois nantis, mais radins qui habitent dans un bourg de la campagne normande. Rapidement, elle s’y ennuie et entreprend de consigner sur un journal les travers de ses employeurs. Elle en profite également pour dérouler ses souvenirs de soubrette dans le Paris du début du XXe siècle.
Avec une grande liberté de parole, elle raconte les travers du "beau monde" et de tous ceux qui veulent imiter les gens riches.
Chez les Laniaire, Monsieur a abdiqué depuis longtemps toute dignité devant sa femme. Ce qui ne l’empêche pas de remarquer le gentil minois de Célestine. Elle repousse ses avances sans jamais perdre la face et le laisse prendre son plaisir avec une pauvre femme qui officie autant dans la cuisine que dans le lit de Monsieur Lanière.
Pour se changer les idées, elle visitera la bonne du capitaine Mauger et écoutera ses commérages.
Au décès de cette dernière, le capitaine qui est le voisin des Laniaire lui proposera de devenir à son tour sa bonne/maîtresse. Une offre qu’elle refusera.
Pour échapper à sa condition, elle s’enfuira avec Joseph, le jardinier/ cocher, de la famille Lanière.
Fascinée par cet homme sadique, antisémite, laid qu’elle soupçonne sans pouvoir le prouver d’avoir assassiné une petite fille et qui s’est enrichi en volant l’argenterie de ses maîtres, les Laniaire, elle acceptera de vivre avec lui dans le petit café qu'il a acheté.
Curieusement, Célestine se comportera durement avec les bonnes qu’elle engagera pour la seconder.
Que dire ?
Octave MIRBEAU a dessiné des portraits peu flatteurs des nantis et des bourgeois de la société parisienne du début du XXe siècle en faisant tenir à son héroïne un journal .
Il a brossé aussi quelques tableaux édifiants sur les petites gens, les paysans, les bourgeois d'un petit village en Normandie.
Cependant, on ne peut pas affirmer que le récit d'Octave MIRBEAU résumait le comportement de tous les employeurs de cette époque .
« Si infâmes que soient les canailles, ils ne le sont jamais autant que les honnêtes gens. »
Toutefois, pour avoir recueilli quelques témoignages de femmes ayant vécu après la dernière guerre mondiale des expériences douloureuses, avilissantes, et parfois même inacceptables, je peux affirmer que ces faits existaient et que certains patrons n'hésitaient pas alors à exploiter leurs domestiques.
« On prétend qu’il n’y a plus d’esclavage… Ah ! voilà une bonne blague, par exemple… Et les domestiques, que sont-ils donc, sinon des esclaves ?… Esclaves de fait, avec tout ce que l’esclavage comporte de vileté morale, d'inévitable corruption, de révolte engendreuse de haines. »
Quant aux employées de maison, il y avait celles qui subissaient ou acceptaient d'offrir leurs appas aux maîtres de maison pendant que d'autres s'enfuyaient et partaient à la recherche de patrons plus honnêtes.
La faconde de Célestine m'a beaucoup amusé, et elle m'a rarement incité à la plaindre même si certaines répliques mettent en avant ce qu'elle éprouvait parfois :
« La solitude, ce n’est pas de vivre seule, c’est de vivre chez les autres, chez des gens qui ne s’intéressent pas à vous, pour qui vous comptez moins qu’un chien, gavé de pâtée, ou qu’une fleur soignée comme un enfant de riche…des gens dont vous n’avez que les défroques inutiles ou les restes gâtés. »
J'ai voulu relire cet ouvrage que j'avais découvert à l'adolescence.
Pour ma part, j'ai toujours préféré m'attarder sur les romans d'Émile Zola, Maupassant, et de Balzac même si l'originalité du style d'Octave MIRBEAU ne m'a pas laissée indifférente :
« Ah ! ceux qui ne perçoivent, des êtres humains, que l’apparence et que, seules, les formes extérieures éblouissent, ne peuvent pas se douter de ce que le beau monde, de ce que la haute société est sale et pourrie. »
« Ah ! dans les cabinets de toilette, comme les masques tombent !… Comme s’effritent et se lézardent les façades les plus orgueilleuses !… »
Je laisse le soin aux lecteurs de s’intéresser aux "mémoires d'une femme de chambre" et d'en retirer un plaisir identique à celui que j'ai éprouvé en le relisant.
Cet avis n'engage que moi.
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